« Boat Story », sur MyCanal, et « Meurtre mode d’emploi », sur Netflix : un été sous le signe des polars british (2024)

MYCANAL ET NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIES

Depuis, disons, Broadchurch, pour ne pas remonter encore plus loin, la fiction britannique livre à intervalles réguliers des polars pluvieux. Parfois graves, d’autres fois beaucoup plus légers, ils ont la plupart du temps en commun d’être composés avec une certaine application. Cet été, la BBC s’infiltre sur les écrans français à travers deux séries policières très différentes, dont la plus aboutie n’est pas forcément celle qu’on croit.

A première vue, Boat Story part pourtant avec quelques handicaps. Filmée dans une petite ville côtière déprimante, entre industrie vieillissante (l’héroïne, Janet, a perdu plusieurs doigts dans une machine-outil) et plages battues par les embruns, la série créée par les frères Harry et Jack Williams (showrunneurs britanniques réputés et, par ailleurs, producteurs de Fleabag) met en scène la découverte fortuite d’une grosse quantité de drogue par deux quidams rapidement tentés de piocher dedans pour arrondir leurs fins de mois. Deux losers attachants d’un côté, des trafiquants patibulaires de l’autre, et des policiers dépassés au milieu: la partition sonne, dans son premier épisode, sacrément datée.

Il faut attendre le deuxième, voire le troisième, pour que Boat Story s’affranchisse de son classicisme et s’envole, portée par des coquetteries de mise en scène (voix off goguenarde, mise en abyme de l’intrigue sur une scène de théâtre amateur…) qui, mises bout à bout, donnent à la série une vivacité qu’on n’attendait pas. Elle est accentuée par la présence malicieuse de Daisy Haggard, une régulière de la fiction britannique, vue entre autres dans la série Breeders. Face à elle, Paterson Joseph a d’ailleurs un peu de mal à exister, mais ce duo de bras cassés, qui se révélera au fil de l’histoire capable de retourner chaque pépin à son avantage, fonctionne quand même. A tel point qu’on pardonne volontiers à la série ses méchants à tête de méchant, et une intrigue pas toujours lisible.

Disparition d’une adolescente

Filmée dans une petite ville coquette, un peu plus proche de l’Angleterre de Sex Education que de celle de Ken Loach, Meurtre mode d’emploi est, quant à elle, adaptée d’une série de livres de Holly Jackson intitulée, en VO, A Good Girl’s Guide to Murder (traduit en France sous le titre Meurtre mode d’emploi). La «good girl» en question s’appelle Pippa. Avec ses salopettes en jean et ses grands yeux clairs, la lycéenne semble avoir encore un pied dans l’enfance. Pour nourrir un projet d’exposé, et surtout se défaire de la culpabilité de ne pas avoir vu venir le drame, la jeune fille s’intéresse à la disparition irrésolue d’une adolescente du coin, cinq ans plus tôt.

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